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A quoi pourrait ressembler le monde du roller dans 20 ans ?
Les changements d'année sont propices aux projections vers l'avenir, alors pourquoi ne pas imaginer la façon dont pourrait évoluer notre façon de pratiquer le roller durant les deux décennies à venir ? Nous nous sommes prêtés à l'exercice...
Article par Vernon SULLIVAN
"La prospective est une démarche à la fois rationnelle et holistique qui ne consiste pas à prévoir l'avenir mais à élaborer des scénarios possibles et impossibles dans leurs perceptions du moment sur la base de l'analyse des données disponibles."
Avec l'augmentation de la taille moyenne des nouvelles générations d'enfants, la course au diamètre a continué pour se stabiliser à 3x150 mm sur les marathons. Les configurations à 4 roues sont toujours populaires sur piste. Les Championnats du monde se tiennent tous les 2 ans, en alternance avec les championnats continentaux : les fédérations n'ont plus les moyens financiers pour déplacer leurs athlètes chaque année !
D'autre part, les courses sur circuit routier ont disparu pour alléger le programme des compétitions. On leur a préféré la pratique sur piste, bien plus télégénique et spectaculaire. Le 100 m, si cher à la FIRS, a également disparu du programme : quel intérêt d'avoir des rollers aux pieds quand les meilleurs sprinteurs sur roulettes ne parviennent pas à battre le record de Lightning, le fils d'Hussein Bolt (9"50) ?
Le patinage en quad est toujours présent mais les jeunes patineurs lui préfèrent désormais le roller en ligne, largement répandu dans les compétitions internationales dans toutes les catégories. Les compétiteurs évoluent en solo, en couple (mixtes ou du même sexe) ou en groupe.
Les méthodes de jugement identiques à la glace ont vu la naissance de lieux d'entraînement en dur partagés conjointement par les anciens patineurs sur glace et les patineurs sur roulettes. Le réchauffement climatique a fini de repousser vers les pays du Nord les purs glaceux qui ont encore les moyens de se payer cette activité hors de prix en France. On patine désormais sur un revêtement syntéthique aussi bien utilisable en glace qu'en roller. Pour des raisons économiques et en raison du succès grandissant des soirées roller, ces nouvelles salles mêlent les adeptes de patinage artistique et même les roller-dancers. Elles accueillent les scolaires en journée. Elles peuvent occasionnellement être transformées en terrain de hockey en fonction des événements du moment.
Le roller hockey justement : finies les odeurs pestidentielles après une semaine de championnat ! Un fabricant de génie a créé un traitement anti-bactérien qui réduit l'entretien au strict minimum. Pour revenir aux choses plus sérieuses : les coûts d'entretien des patinoires sur glace étant dévenus exhorbitants, elles ont été démantelées ou reconverties en salles multisports. Les meilleures nations du hockey mondiales pratiquent sur revêtement synthétique que ce soit en roller ou en patin à glace. La République Tchèque, les USA et le Canada dominent toujours les débats mais ils ont fort à faire avec la Russie, la Finlande ou la Suède qui mettent de gros moyens sur la table pour rester concurrentielles après une reconversion tardive. Les nations émergentes des pays du sud peuvent désormais s'entraîner dans de bonnes conditions et montent en puissance. Le sport s'est professionnalisé et les places sont chères pour rentrer en équipe nationale où les anciens glaceux ont vite fait leur reconversion vers le roller. Une ligue professionnelle de hockey commune a vu le jour pour réunir les pros des deux sports et les stars de la discipline se négocient à coup de millions.
La libre circulation des joueurs imposée par l'Europe a quasiment vu disparaître la pratique dans les nations du Nord du Continent au profit d'équipes professionnelles qui évoluent essentiellement en Espagne, Portugal et en Italie. La pratique s'est considérablement développée en Afrique dans les anciennes colonies Portugaises et Espagnoles. On vient y chercher des joueurs prometteurs vendus à prix d'or, notamment en Angola et au Mozambique. Les droits de retransmission du nouveau Championnat des Pays Latins regroupant les meilleures nations d'Europe et d'Amérique du Sud ont flambé avec la bataille entre les chaînes de sport internationales.
L'explosion de la pollution dans les zones urbains a ponctuellement eu raison de la pratique du roller en ville. Ce n'est que très récemment, aux environs de 2030, que l'interdiction des centres-villes aux véhicules thermiques a permis à quelques passionnés de rechausser les patins de leur enfance. Les nouveaux modes de transports alternatifs se sont multipliés. Des formes modernes de triporteurs électriques ont remplacé les vélos dans le transport des familles et des marchandises, les rollers doivent cohabiter avec eux mais également avec les gyropodes, les trottinettes, les skateboards électrique et autres hoverboards.
Les passionnés de roller longue distance et les sportifs en quête de grand air emprunte désormais de super voies vertes transcontinentales en site propre. Elles possèdent un revêtement écologique roulant, drainant et anti-dérapant. Le matériel des pratiquants a évolué : les patins se moulent désormais automatiquement à la forme de leur pied la première fois qu'on les chaussent. L'énergie produite par la rotation des roues lors du patinage est récupérée pour alimenter en énergie l'ensemble des équipements d'électronique embarquée (GPS, module de communication, caméra drone déportée, casque de réalité augmentée...)
A l'image du boarder cross en snowboard aux Jeux Olympiques d'hiver, le skatecross a percé aux Jeux de 2028. Le C.I.O, soucieux de venir prendre des parts de marché à ESPN sur le segment de la jeunesse, a révisé la moitié du programme de ses olympiades. Les formats de course ont légèrement changé : pour des raisons d'économie et avec le développement de la pratique, les équipements sont mutualisés avec le BMX race qui n'utilise plus que des parcours en enrobé. Dans les villes, certains clubs de roller cohabitent donc avec les clubs de BMX pour se répartir le créneaux d'utilisation des pistes de race existantes.
Après de nombreuses années de débats sur les dégradations provoquées par les rollers, skateboards, trottinettes et BMX sur le mobilier urbain, les villes ont enfin compris que la pratique ne se limitait pas aux skateparks et qu'elle pouvait pleinement s'intégrer dans le coeur des villes. Les fabricants de modules ont adapté leur offre en créant des spots qui se fondent dans le paysage urbain.
La moyenne d'âge des champions a continué de baisser et l'Asie a la mainmise sur les podiums mondiaux depuis plusieurs décennies. Seuls les Russes semblent en mesure de leur tenir tête.
Les événements de roller downhill ont repris possession des centres villes pour le plus grand bonheur des spectateurs. Ils mêlent plusieurs disciplines : le skate, les caisses à savons, la luge, la trottinette et une foules d'autres engins pourvu qu'ils soient dotés de roulettes. Les concurrents s'affrontent seuls en contre la montre ou à plusieurs. Les déguisements font partie du folklore et le fun l'emporte sur la compétition pour beaucoup de riders.